Frank Sinatra conducts TONE POEMS OF COLOR, (1956) Capitol Records, pochette de Saul Bass.

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Le hasard fait bien les choses, il prend parfois, juste un peu son temps. En effet, au printemps de l’année dernière, alors que je tombai par hasard sur une serviette de plage dans un grand magasin local, dont le motif fit tilt dans ma tête et activa une connexion dans ma banque de données visuelles sans que je parvinsse à identifier laquelle avec exactitude. Quoiqu’il en soit j’en achetai deux exemplaires et je n’y pensai plus. C’est seulement il y a un mois, quand en papillonnant sur un site consacré à Frank Sinatra, un rituel quasi annuel avant les fêtes de fin d’année[1], que la connexion a fini par se faire avec la pochette de son album conceptuel publié en 1956, en plein âge d’or de son contrat avec Capitol Records et réalisée par le génial pionnier de l’art visuel, Saul Bass: Frank Sinatra conducts[2] TONE POEMS OF COLOR,

Pour bien apprécier la qualité et l’originalité de cette pochette, replaçons-la brièvement dans son contexte artistico-historique

Dans le monde de l’art aux Etats-Unis en 1956, l’Abstract expressionism règne en maître, le Pop Art[3], l’Op-Art[4] [5] en sont à leurs balbutiements, les mouvements du Color field[6] dans sa forme abstraitement pure et du Minimalisme ne verront eux le jour « officiellement » qu’à la toute fin des années 50[7]. En France, après la mort de Matisse en 1954, le nouveau langage qu’il a inventé avec ses gouaches découpées[8] peine à trouver un écho : le Salon des Réalités Nouvelles, fief de l’abstraction et longtemps influent traverse une (nouvelle?) crise identitaire, Bernard Buffet, le chef de file de l’anti-abstraction est célébré plus que de raison, et la tapisserie sous l’impulsion de Lurcat, Le Corbusier[9]et  Cassou, le directeur du musée d’art moderne de la Ville de Paris connaît un renouveau aussi improbable qu’incongru. Seul Picasso, maintenant orphelin de son rival, lui a rendu son plus évident hommage dans ses Femmes d’Alger, version « O », 1954-55[10] qui doit autant à Delacroix dont il reprend le motif et le titre du tableau, qu’à Matisse, dans sa palette de couleurs, ses motifs décoratifs, ses lignes géométriques, ses odalisques et sa complexe composition. Au Royaume-Uni, une nouvelle génération d’artistes parmi lesquels Patrick Heron, Peter Lanyon and Roger Hilton regroupée autour du peintre Ben Nicholson à St-Ives sur la côte de la Cornouailles, donne au mouvement du même nom un regain de vitalité et de reconnaissance internationale, tandis que William Gear[11] et Francis Davison poursuivent en solitaire leurs fascinantes investigations aux frontières de l’abstraction et de la figuration. Isolé dans son coin aussi, mais en Finlande, Birger Carlstedt, véritable pionnier de l’abstraction non figurative poursuit son travail, entamé en 1949, dans cette voie. En fait, il faut regarder vers le Brésil et le Concrétisme qui succède au manifeste du groupe Ruptura (1952) pour trouver en 1956 un équivalent dans les arts plastiques du Modernisme célébré et réinventé dans le design et le graphisme par Saul Bass et al. aux États-Unis et en Europe.

Colours in music

À l’instar d’un Monet qui disait « Il faut capter la lumière et la jeter directement sur la toile » ou d’Herbin qui avec son “alphabet plastique” choisissait de prendre des mots comme titre de ses peintures et d’en faire une composition plastique abstraite non pas en accord avec le sens du mot sélectionné mais en accord avec la symbolique de formes et de couleurs qu’il avait inventé en faisant référence à Bach et à Rimbaud (in collection(s) musée Matisse, Le Cadeau-Cambrésis),
Sinatra entreprend de jeter les couleurs directement sur un disque avec son album Tone Poems of Color rejoignant ce faisant une double et longue tradition qui associe non seulement musique et couleurs mais aussi musique et poésie. La première, ancestrale, fût formalisée par Isaac Newton en 1704 avec la publication d’Opticks, son traité d’observations tirées d’expériences réalisées entre 1665 et 1675 sur les couleurs et la lumière[12] et perdure jusqu’à aujourd’hui avec les progrès réalisés dans le domaine de la compréhension de la synesthésie. Pour la seconde, nous nous contenterons de citer les nombreux exemples présents dans Les Années de pèlerinage, 1835-1881 de Franz Liszt et le Prélude à l’après-midi d’un faune, 1894 de Claude Debussy.

Si la qualité des compositeurs choisis par Sinatra peut difficilement être contestée avec ses arrangeurs chez Capitol, Nelson Riddle et Billy May, Gordon Jenkins dont ce sera la première d’une longue liste de collaboration avec Sinatra, Jeff Alexander et les compositeurs Alec Wilder, Victor Young[13], André Prévin, le futur directeur du London Symphony Orchestra et Elmer Bernstein ; en revanche celle de l’auteur des poèmes, Norman Sickel qui écrivait pour le programme radiophonique To Be Perfectly Frank, de Sinatra, laisse sérieusement à désirer. Du coup, on ne peut que se réjouir que les poèmes ne soient ni récités, lus ou chantés[14], mais seulement mis en musique. L’enregistrement des 12 titres correspondant chacun à une couleur et un poème s’étalera sur quatre sessions nocturnes du 22 février au 15 mars 1956 dans les Tower studios de Capitol à Los Angeles. Sinatra rassemblera pour l’occasion près de soixante musiciens dont Eleanor et Félix Slatkin.[15] Nous ne nous éterniserons pas sur la musique qui nous semble plus relever de l’anecdote à l’inverse de la pochette.

Tone Poems of Color, 1956 une pochette qui fait date 

Quand Saul Bass réalise cette fameuse pochette, sa réputation à Hollywood est déjà bien établie, avec son travail sur les affiches des films Champion (1949), Death of a Salesman (1951) and The Moon Is Blue (1953), d’Otto Preminger et les séquences titres de pure abstraction géométrique novatrice de Seven Year Itch (1955) de George Cukor et The Man with the Golden Arm (1955). Il est l’un des rares membres fondateurs de The Los Angeles Society for Contemporary Designers[16] avec Lou Danzinger à être resté en Californie. Ancien élève du Brooklyn College (Columbia University) où il suivit les cours du soir de Gyorgy Kepes[17], un disciple de Moholy Nagy du Bauhaus, il renouvelle les principes indémodables du modernisme : simplicité, économie de moyens, pureté géométriques des lignes, utilisation du noir et blanc comme des couleurs vives.

Cela est évident avec le design de Tone Poems of Color, le carré de la pochette est couvert de bandes horizontales colorées plus ou moins identiques : certaines 19 sur un total de 26 couvrent toute la largeur de la pochette, pour les sept autres deux sont nécessaire pour le faire, les couleurs sont réparties de façon apparemment aléatoires, certaines étant interrompues par sept carrés gris à l’exception d’un seul carré noir, les 12 titres-couleurs des poèmes sont inscrits en italique et en noir dans une typo  avec sérif, sans respecter l’ordre des plages du disque, dans les bandes aux couleurs correspondantes. Le titre de l’album en blanc sans sérif résolument moderne, et moderniste, n’est centré que dans la largeur et non dans la hauteur. Dans le coin haut à gauche sont relégués le logo du label et une petite photo en noir et blanc de Frank Sinatra en pleine action. Le tout est encadré par une bordure blanche. L’effet est à la fois moderne et original. Une belle leçon de style[18], d’une innovante et élégante simplicité qui ne renonce pas, bien au contraire, à une certaine ambition artistique, mais qui de par sa fonction commerciale assumée lui confère un but qui l’exonère de ces explications et discours d’intention tour à tour simplets, simplistes, sans queue ni tête, consternants, embarrassants et irrationnels comme les logorrhées décousues de Donald Trump qui fait du Dada sans le savoir, et dont les Messieurs Jourdain de l’art se gargarisent depuis que Marcel Duchamp leur a fait office de professeur de philosophie.

No brainer 

Il est rare de pouvoir encore acquérir une pièce multimédia d’art moderne aussi originale et d’une telle provenance (Saul Bass, Sinatra, la crème des arrangeurs de l’âge d’or d’Hollywood et des studios Capitol) pour le prix d’un bon repas, même si pour être tout à fait honnête, nous devons mettre un bémol à notre enthousiasme depuis que nous avons découvert Movimento, un tableau de l’artiste, leader et théoricien en chef du Ruptura Group et du Concrétisme brésilien, Waldemar Cordeiro et Composition Rouge-horizontal de Nicolas Ionesco tous les deux peints en 1951. Il n’empêche. On trouve sans problème le vinyl sur les sites spécialisés de revente de disques pour moins de €100 ; j’ai personnellement acheté le mien (pressage anglais de 1956) pour moins que ça. À vous de faire mieux.

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Movimento, 1951, Waldemar Cordeiro, Tempera sur toile 90,1 x 95,3 cm MAC USP Collection (Museu de Arte Contemporânea da Universidade de São Paulo, Brazil) – © Família Cordeiro Collection: Museu de Arte Contemporânea da Universidade de São Paulo, Brazil

Notes :

[1] Il y a dans notre mémoire collective peu d’artistes et d’albums qui symbolisent autant Noël que le Christmas Songs by Sinatra, 1948, Columbia, et A Jolly Christmas from Frank Sinatra, 1957, Capitol.

 

 

 

 

 

 

 

 

[2] Durant toute sa carrière Frank Sinatra sortira quatre albums sur lesquels il dirige un orchestre. Le premier, Frank Sinatra conducts the music of Alec Wilder, 1946 (Columbia), ainsi que Tone Poems of Color, 1956 (Columbia) et le quatrième, Music from Pictures and Plays, 1961 (Reprise Records, le label de Sinatra après son départ de Capitol), sont des pièces de musique instrumentale. Sur le troisième, il est à la baguette de l’orchestre qui accompagne Dean Martin sur son album Sleep Warm, 1959 (Capitol).

 

 

 

 

 

 

 

 

[3] Si l’on considère les toiles de Jasper Johns : Flag et  White Flag peintes entre 1954-1955 comme les premières manifestations de ce mouvement, même si elles ne seront pas exposées avant 1958 chez le légendaire Leo Castelli à New-York.

 

 

 

 

 

 

 

 

[4] Graphic Tectonic réalisé en 1941 par Josef Albers, précède le mouvement Op-art de près de 20 ans. Mais justice lui sera rendue en quelque sorte quand il participera en 1965, aux côtés de Bridget Riley, Ellsworth Kelly et Vasarely entre autres, à la grande exposition d’Op-art au MoMA de New-York : The Responsive Eye (catalogue complet de l’exposition disponible ici : http://ubu.com/historical/responsive/ResponsiveEyeMOMA1965.pdf), et dont l’inauguration sera documentée dans un court-métrage réalisé par Brian de Palma, à voir là :

 

 

 

 

 

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Josef Albers, Graphic Tectonic, 1941 © The Josef and Anni Albers Foundation / Artists Rights Society (ARS), New York

Nous ajouterons qu’en 1952, Eric Nitsche, graphiste suisse aussi talentueux et prolifique qu’il était discret, produira pour les Gold Label Series de Decca des pochettes de disques, reproduites ci-dessous, devançant d’une décennie, les trompe-l’œil optiques de Bridget Riley, notamment Movement in square, 1961, Black to White Disks, 1961-62 et Fission, 1962, MoMA, New-York.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[5] “La précision et le rythme optique des peintures Black and White, 1952, et Green and Orange (collection particulière) de Carmen Herrera, sont le fruits de la plus extrême économie de moyens. Leur structure géométrique directe associée à une palette de couleurs austère anticipe le minimalisme optique aux contours fortement marqués des années 60. » in Ikon Gallery Birmingham, exposition Carmen Herrera, 29 juillet – 13 septembre 2009. Précisons que Carmen Herrera ne vendra son premier tableau qu’à l’âge de 89 ans en 2004. Le MoMA et le Whitney Museum de New-York qui vient finalement de lui consacrer une rétrospective n’en n’ont respectivement qu’un seul. Pour plus d’infos sur cette artiste remarquable nous renvoyons à son interview dans The Guardian du 21 novembre 2010.  https://www.theguardian.com/theobserver/2010/nov/21/carmen-herrera-artist-interview

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après la Seconde Guerre Mondiale, le Salon des Réalités Nouvelles à Paris reprend le flambeau de l’association Abstraction-Création et par delà du Modernisme à travers la présence de Sonia Delaunay qui fût à l’origine des deux. Durant leurs séjours respectifs et contemporains à Paris entre la fin de la guerre et leurs retours à New-York en 1954 pour Herrera (1915-) et Kelly (1923-2015), puis en 1956 pour Youngerman (1926-), ces deux derniers ayant bénéficié de la GI Bill permettant aux anciens combattants d’étudier à l’étranger, les trois artistes américains exposeront à ce Salon.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Méditerranée, 1952, Ellsworth Kelly, en prêt longue durée à la Tate Modern, huile sur bois, 150 x 194,3 cm, © Ellsworth Kelly Estate

 

 

 

 

 

 

 

 

[6] Cf Tate article http://www.tate.org.uk/learn/online-resources/glossary/c/colour-field-painting

[7] Cf articles sur le Minimalisme site de la Tate et du Centre Pompidou. Ceci dit, il est communément admis que l’œuvre de Rauschenberg (un élève de Josef Albers tout comme Cy Twombly d’ailleurs) White Painting produite en 1951, mais exposée en 1953 et très mal accueillie voire ignorée par les critiques de l’époque, représente un moment précurseur important dans l’histoire de l’art du Minimalisme et de l’art conceptuel. https://www.sfmoma.org/artwork/98.308.A-C . Sur le sujet nous renvoyons à l’essai très instructif et documenté de Sarah Roberts publié en juillet 2013

Click to access SFMOMA_RRP_White_Painting_three_panel.pdf

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous noterons pour l’anecdote qu’en 1983, Rauschenberg réalisera pour l’édition limitée de l’album des Talking Heads,  Speaking in Tongues, une pochette  “seulement” produite à 50000 exemplaires, et qui sera récompensée d’un Grammy (l’équivalent d’une Victoire de la musique); la pochette “classique” nettement moins inspirée est l’oeuvre, si l’on ose dire, de David Byrne, le leader du groupe.

https://www.artsy.net/article/artsy-editorial-the-story-behind-robert-rauschenberg-s-iconic-talking-heads-album-cover

 

 

 

 

 

 

 

 

[8] Matisse exploitera la liberté de mouvement de ces gouaches que ses assistantes pouvaient déplacer selon ses envies et ses humeurs grâce à un système d’accrochage des plus simple à base d’épingles de couture. Cette liberté de mouvement utilisée à des fins bien évidemment différentes est somme toute assez proche de la technique d’animation utilisée en 1955 par Saul Bass dans les séquences titres du film Seven Year Itch (Sept ans de réflexion) de George Cukor avec Marilyn Monroe

http://www.artofthetitle.com/title/the-seven-year-itch/

et  du film d’Otto Preminger : The Man with the Golden Arm (L’homme au bras d’or) d’Otto Preminger avec Franck Sinatra, musique d’Elmer Bernstein :

 

 

 

Une séquence-titre qui n’est pas sans nous rappeler un tableau du sensationnel Max Bill avant de 1939, Construction en noir 

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Construction en noir, 1939, Max Bill © Estate of Max Bill

En 1955, Elmer Bernstein composera aussi la musique du court métrage House de Charles et Ray Eames sur leur maison Case Study #8 de Pacific Pallissades “qui ressemble à une toile de Mondrian déroulée” (Adelyn Perez in AD Classics 28 juin 2010) et qui est à voir ici :

 

 

[9] Le Corbusier, prétendant faire du neuf avec du vieux ira même jusqu’à baptiser ses tapisseries, dans un bel élan tautologique: “Muralnomad”.

[10] Tableau qui fût exposé lors de la grande rétrospective Picasso au Moma de New-York en 1957 et qui est devenu le 11 mai 2015, lors de la vente Looking Forward the Past organisée par Christie’s à New-York, le plus cher jamais vendu aux enchères à près de 180 millions de dollars. Une présentation complète du tableau est disponible sur le site Christie’s de la vente

http://www.christies.com/features/Picasso-5829-1.aspx

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Pablo Picasso, Les femmes d’Alger (Version “O”), 1955. Huile sur toile. © Succession Picasso/DACS, London 2015

[11] Il est intéressant de noter les proximités entre le travail de William Gear développé en solitaire avec celui de l’artiste italien Guilio Turcato, déjà bien plus reconnu à la même époque. Nous reproduisons aussi pour illustration deux tableaux  des années cinquante de Birger Carlstedt.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[12] Traité dans lequel il propose un cercle pour visualiser les sept couleurs de son spectre chromatique réparties entre sept intervalles délimités par les sept lettres des notes musique.new01

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Mal 1952 Auguste Herbin Huile sur toile 130 x 89cm Musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis © ADAGP Photo Claude Gaspari

[13] Victor Young qui recevra à titre posthume en 1957, son seul Oscar malgré 22 nominations pour la musique du film Around the World in Eighty Days, sorti en 1956 et dont Saul Bass réalisa une séquence titre de près 8 minutes qui elle aussi fera date. Il nous paraît intéressant de noter que cette séquence d’animation ainsi que des éléments du seul film qu’il réalisa Phase IV ont clairement servi d’inspiration au travail de Terry Gillian pour les Monthy Python, sans que cela ne soit jamais mentionné par ce dernier.

 

 

 

 

 

 

 

 

[14] Pour les amateurs de curiosités nous suggérons l’écoute de la version de 1967 de Façade – An Accompaniment,(Fontana) qui consiste dans la récitation, le mot est faible, par Annie Ross et Cleo Laine de poèmes d’Edith Sitwell sur un accompagnement musical écrit par William Walton et dirigé par John Dankworth, à qui l’on doit les musiques des quatre premières saison de la série TV culte The Avengers (1961-1964) https://youtu.be/T0Vh2YuzbtQ et du film Fathom (1967) avec Raquel Welch https://youtu.be/-0yRx-r4R-8 , parmi d’autres. La première de Façade, en 1923, à l’Aeolian Hall à Londres, à laquelle assistaient Evelyn Waugh, Virginia Woolf et Noël Coward, ce dernier quittant le théâtre ostensiblement avant la fin de la représentation, fût éreintée par la critique; ce qui n’empêcha nullement l’œuvre de passer à la postérité.

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Facade, version 1967 avec Cleo Laine et Annie Ross, dirigée par John Dankworth. Pochette illustrée par Edna O’Dowd

[15] Eleanor (violoncelliste) et Félix (violoniste et chef d’orchestre) Stalkin formèrent en 1939 l’Hollywood String Quartet (HSQ), le premier ensemble de musique de chambre composé exclusivement de musiciens nés et formés aux Etats-Unis à jouir d’une reconnaissance internationale. L’HSQ, sera, au sein des orchestres des plus grands studios d’Hollywood, à l’origine des musiques richement évocatrices des films de l’Âge d’or du cinéma.

[16] The Los Angeles Society for Contemporary Designers fondé en 1940 par Saul Bass, Rudolph de Harak, John Folis, Louis Danzinger et Alvin Lustig autour de leur foi inébranlable dans les canons du Modernisme et leur frustration devant le manque de créativité du secteur à cette époque sur la Côte Ouest des États-Unis. Nous reviendrons plus en détail dans d’autres posts sur ces designers exceptionnels, auxquels nous ajouterons Paul Rand, Erik Nitsche et Max Bill (un ancien élève du Bauhaus), ces inventeurs de solution, qui sont au moins les égaux des peintres et des artistes les plus célébrés de leur époque. En attendant nous faisons nôtre ce commentaire de Stephen Heller dans un article d’août 1993 sur Alvin Lustig pour Eye Magazine intitulé Born Modern  : “He believed that after Abstract Expressionism, painting was dead, and design would emerge as a primary art form – hence his jackets were not only paradigmatic examples of how Modern art could successfully be incorporated into commercial art, but showed other designers how the dying (plastic) arts could be harnessed for mass communications.” À titre informatif et comparatif nous reproduisons un travail de Lustig datant de 1945 pour la lettre d’information interne du magazine Look et les deux collages historiques du Pop art :  I was a Rich Man’s Plaything (1947), Eduardo Paolozzi,  Just what is it that makes today’s homes so different, so appealing? (1956) Richard Hamilton, mais aussi le superbe collage En Morn (1947) de Kurt Schwitters qui soit-dit en passant avait exposé lors de la deuxième exposition des Réalités nouvelles en 1939 à Paris, source http://realitesnouvelles.blogspot.co.uk/2012/07/5-1939-otto-freundlich-et-etienne.html .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[17] C’est l’architecte britannique d’origine russe Serge Chermayeff, nommé à la tête du département des Arts au Brooklyn College, Columbia University en 1942 qui le recrutera. Serge Chermayeff sera brièvement associé avec l’architecte allemand Erich Mendelsohn dans les années 30, et leur cabinet réalisera des projets qui comptent parmi les plus importants du mouvement moderniste au Royaume-Uni comme par exemple le De La Warr Pavilion à Bexhill, East Sussex ou Cohen House dans le quartier de Chelsea à Londres. Les amateurs d’architecture moderniste et du Bauhaus, peuvent se rendre, à Angmering toujours dans le Sussex et à quelques kilomètres de Brighton pour y découvrir Sea Lane House, un exemple unique de villa moderniste dessinée par Marcel Breuer et l’architecte anglais F.R.S Yorke et construite en 1936. C’est aussi durant son bref séjour à Londres dans les années 1935-37 que Breuer créera la célèbre Long Chair pour la compagnie Isokon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[18] Un style qui a clairement servi d’inspiration à la pochette de X-15 and Other Sounds of Rockets, Missiles, and Jets sorti en 1961 sur Reprise Records le label de Frank Sinatra, et auquel il sera rendu un hommage plus qu’appuyé en 2011 par le LACMA avec la couverture du catalogue de l’exposition California Design 1930-1965 : Living in a Modern Way. Source blog Lost Wax Method http://lostwaxmethod.com/?p=714 . Un style partagé avec Alvin Lustig comme en témoigne cette pochette réalisée par ce dernier en 1952, trois ans avant sa mort à 40 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Alvin Lustig, 1952, Pochette de disque, Haydn Society